Didier Cadiou nous parle du four à chaux de Rozan, le plus important des fours à chaux de la presqu’île de Crozon.
L’histoire d’un four à chaux aux archives perdues, des suppositions, des déductions,...
Durée : 3 min 32s
Retranscription
Didier Cadiou, gestionnaire des espaces naturels auprès de la mairie de Crozon.
Ce four à chaux de Rozan a la particularité d’être le seul des fours à chaux de la presqu’île de Crozon qui se trouve sur la baie de Douarnenez. Sa situation n’est pas du tout due au hasard, il a été installé là parce qu’il y avait un gisement de calcaire.
Puisque dans les fours à chaux c’est le calcaire qu’on exploite dans le but de le calciner afin d’obtenir de la chaux, chaux vive dans un premier temps qu’on éteint ensuite et qui est utilisée dans le domaine de la culture ou dans le domaine des constructions.
Alors ce four à chaux c’est aussi le plus important des fours à chaux qu’on trouve en presqu’île de Crozon. Il doit faire à peu près 11 mètres de haut pour un foyer d’à peu près 9 mètres. Le principe c’était donc de brûler le calcaire en empilant une couche de combustible, une couche de calcaire, une couche de combustible, etc... et on faisait ça à des températures qui pouvaient avoisiner les 1000 à 1200°C.
Le four à chaux s’appuie contre la falaise. Il a une forme très particulière qu’on appelle ovoïde concave, un peu la forme d’un ballon de rugby et il est recouvert d’un parement de briques réfractaires. Tout ça dans le but de mieux résister à l’action de la chaleur puisque je le disais tout à l’heure on arrive à des températures qui peuvent atteindre 1200°C dans ces fours.
La production de ce four, elle n’est pas très connue, malheureusement on a perdu les archives et donc on ne sait pas très bien.
La seule référence archivistique qu’on a pu trouver c’est la date de construction du four, le four à été construit en 1839. On le sait parce que c’était une activité polluante et donc il fallait un permis de construire particulier, ce qui nous permet de connaître la date de construction.
Pour le reste on ne sait rien du tout, on ne connaît même pas la date de la fin d’activité, on pense que ça a du s’arrêter à peu près vers 1872 mais on a pas de certitude là dessus, puisque tous les documents d’archives ont disparu.
Donc du coup on fonctionne par déduction et on pense que la production de ce four était destiné notamment à la construction et en particulier à la construction du port de Brest, de l’arsenal et des fortifications qui protègent Brest, mais on en est pas certain.
Ça veut dire que la production devait s’exporter par bateau. D’ailleurs la tradition orale parle ici d’un bateau chargé de chaux qui se serait enflammé en quittant l’aber. Alors c’est vrai qu’il existe des épaves sur la plage de l’aber. Par contre on a fait quelques études sur ces épaves et elles sont antérieures à la construction du four à chaux donc ce ne sont pas ces bateaux là qui ont brûlé en quittant l’aber. Mais ça ne veut pas dire qu’il n’y a pas une autre épave quelque part dans le secteur.
On se sait pas grand chose finalement du fonctionnement du four. Tout ce qu’on sait donc, on pense une fin d’activité vers 1872 environ, ensuite le four à servi de carrière de pierre, il y a eu une petite ferme qui s’est installée pendant un certain temps dans les bâtiments et puis il a fini par être laissé à l’abandon.
Le conservatoire du littoral en est devenu propriétaire en 1980.
En 1986 il a été inscrit sur l’inventaire supplémentaire des monuments historiques, puisque c’est quand même un bâtiment industriel qui a un intérêt architectural et historique.
Et en 1989 on a réalisé quelques travaux de restauration et c’est à peu près tout de ce qu’on connaît finalement de l’histoire de ce four à chaux.